BOURSE ÉCRITURE DRAMATIQUE 2022

Penser comme une montagne 

 

 

Inspirée du Chant de Hiawatha*et de l’Almanach du conté des sables**,il y a d’abord le chant, celui de la montagne qui s’élève comme une chant puissant, majestueux comme une épopée.

Ce chant nous offre la course de la femme-louve à travers son univers, sa nature profonde d’où la montagne nous décrit les aveuglements ainsi que les errements de la femme-louve croyant faire le choix de la liberté, jusqu’au cri.

 

Quel est donc ce cri ? 

 

De quoi est fait ce cri qui vient terrasser la louve-femme sauvage ?

Nous découvrons alors dans le souffle de la montagne l’origine de cette chute.

Puis il y a, comme une prise sur le réel, la rencontre de la femme-louve et de la montagne sur une route déserte, un accident, la vie ou la mort.

Là, la neige et la nuit comme une boite, un théâtre dans lequel se joue l’effondrement et peut-être la reprise de la liberté pour la femme-louve.

La sagesse de la montagne et son amour inconditionnel pour la louve poussera-t’elle celle-ci à recouvrer sa fourrure longtemps mise de côté ou croyant l’avoir perdue à jamais ?

Arrivera-t’elle à se sauver et à retrouver le chemin intérieur de sa vitalité ?

 

 

 

*The Song of Hiawatha est un poème épique en vers libres de Henry Wadsworth Longfellow qui est symbolique de la littérature américaine d'inspiration indienne du xixe siècle.

 

Le poème évoque la vie d'un Indien du nom de Hiawatha. 

 

 

** Le regard prophétique qu'Aldo Leopold a porté sur notre monde contemporain n'a rien perdu de son acuité, et la semence de ses mots promet encore la magie des moissons futures.

« Voilà un livre qui nous fait le plus grand bien ». (J.M.G. Le Clézio)

 

( FAIRE GROTTE)

 

 

extrait

 

 

Prologue 

 

 

J’ai vu la louve aux yeux d’or

Petite princesse de tous les êtres sacrés 

 

Si les arbres chétifs attaqués par le cerf la chérissent 

si les sommets et les plaines humides aux chants de grenouilles

 les hostiles genévriers 

Lui font l’offrande de leurs bras

 

Petite louve aux yeux d’or

 

Prend le temps encore 

Je t’en conjure

Pense comme la montagne avant de t’élancer 

 

 

 

 souffle

 souffle 

                         respire 

respire

 

Lève les yeux vers les branches hautes

 

 

  

 

J’entends dans ton râle chaud le cri de mon âme 

Ton haleine aux parfums de baies empli mon coeur 

 

Et puis 

 

Tu as tant couru 

du sommet 

Jusqu’à la rivière 

Taillant ton chemin dans les herbes hautes du marais 

Tourbières  genêts 

ajoncs éclatants ronces et cornouillers 

Oui jusqu’à la rivière 

Sur les sables limoneux de la rivière 

 

 viendra le temps du repos 

Le corps alangui tu reposes 

Aux abords instables du cours d’eau 

Tu as soif 

Si soif 

 

Alors 

 

Tu te lèves et penches la gueule dans le courant 

L’eau submerge ta tête 

un sourire intérieur habite ton corps

 

Tu sais que c’est un moment d’éternité 

 

 

Silence 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le cri 

 

 

 

 

Le cri alors

 

Sinistre et inconnu déchire ton espace

éclate juste au milieu de ta tête 

 

Tu quittes le berceau de la rivière en bondissant

L’eau claire qui il y a quelques instants

Caressait tes flancs 

S’échappe en gouttelettes affolées sur ta robe endeuillée 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

eh! Et réveille toi !

Réveille toi !